Inspiration, Photographies

Un potager en montagne

Quelques jours dans les Cévennes

Il était vraiment temps que je bouge de mon petit potager. Partir l’été, alors que le potager est en pleine production m’est vraiment difficile alors, l’hiver est peut-être une belle opportunité pour aller respirer l’air ailleurs

Changer d’air.
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J’ai la chance d’avoir de la famille vivant dans les Cévennes.
Je me souviens que, quand les enfants étaient petits nous y allions chaque été. Il faisait chaud, la rivière du village était leur terrain de jeu privilégié.
Cascades et gros rochers au milieu de la rivière où nous lézardions gentiment.

Bien entendu, nous avons arpenté les chemins de Stevenson accompagné de deux ânes, bottines et sac au dos (celui des ânes ! ).

Aujourd’hui, les enfants sont grands, les bottines font de moins grandes randonnées, la rivière me semble beaucoup trop froide, mais le plaisir de s’y retrouver est toujours aussi intense. Quel merveilleux paysage pour les yeux et la tête.

Ralentir

Il y a longtemps que je ne m’étais pas donné du temps pour « ne rien faire ». Ou, mieux encore, flâner, l’appareil en bandoulière. Laisser le regard se poser et le cerveau se reposer. Quel plaisir, vraiment, et quelle nécessité !
J’ai donc remis un programme noir et blanc sur mon Fuji pour revenir à l’essentiel de la photographie. REGARDER et ressentir. Pourquoi en NB ? Peut être pour me revoir à 20 ans lors de mes débuts photographiques, peut être pour gommer un instant la réalité de la vie, la dureté de nos vécus, lui donner une autre saveur, celle de l’essentiel. (Plus loin, vous comprendrez pourquoi le programme est passé à la couleur 😉

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Feuilles mortes, ruisseau, reflet dans l’eau, pierre et cailloux, mais aussi le potager de mon beau-frère ont ravi mes mirettes.

Son potager en escalier, parlons en un peu de son potager…

Je l’ai observé de loin, depuis la fenêtre du salon, deux étages plus hauts !
Logique, on est en moyenne montagne (Lozère – Cévennes) et tout est en escalier.
Depuis la rue, le potager est 4 étages plus bas !
C’est un potager en « bancelle », il couvre à peu près 80m2.
Moi qui ai un terrain de 3000m2 dont 150 sont réservés au potager, je suis impressionnée de voir ce qu’il parvient à cultiver sur cette petite surface.

Je l’ai observé (son potager) en faisant le tour de chaque parcelle, descendre à la bancelle du bas, remonter et essayer de comprendre comment apprivoiser ce lieu. Je l’ai scruté sous presque toutes ses coutures.
Du haut, d’en bas, tout au fond ou proche de la maison. Je me suis glissée dans les petites allées en veillant à ne pas dégringoler tout en bas… bref j’en ai fait le tour, ou presque.

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Murs en pierres sèches

En fait, il faut le voir pour le croire, mais les murs en pierre sèche qu’il a construit pour rehausser ses bancelles et élargir son espace de culture sont vraiment impressionnants. Patiemment, durant de longues heures, à la fraîche ou tard le soir, il a entrepris de reconstruire plusieurs murs. L’idée étant de faire de ce terrain, qui ressemblait plus à une piste de ski (noire), un jardin potager.

Cela faisait quelques années que nous n’étions pas revenus sur le mont Lozère. De toute évidence, il y avait cette année quelque chose d’étrange. C’est vrai qu’en général nous y allions en été et que là nous y sommes en janvier. L’ambiance est tellement différente. C’est comme un nouveau regard.
Entre ces murs de pierres sèches, la vallée en bas, la montagne en haut, je ne parvenais pas à m’imaginer jardiner à sa place.

Vous le voyez, on est très loin des jardins tout plats, conventionnels, comme celui que j’ai personnellement…
Un assez petit potager, vachement productif, y aller est à chaque fois un régal et un défi face aux éléments.
Et toute cette production leur permet d’avoir des légumes presque toute l’année. En tout cas, c’est suffisant pour eux deux.
J’aime cette notion de suffisant. Faire le minimum pour un maximum de résultat (un peu 80/20).

J’ai montré les photos à mon beau-frère, voici son retour qui m’a beaucoup émue.

« Les photos me font passer (mais je peux bien entendu me tromper, tu me diras 😉 un sentiment d’étrangeté, non dans le sens bizarroïde, mais de différence plutôt, différence non aisément assimilable.  Comme si tu avais en premier perçu une différence, peut-être avec ton propre jardin, ou ceux que tu fréquentes d’habitude, une différence suffisamment impressionnante, impactant assez la subjectivité du regard que pour passer dans la photo.  Il me semble que tu as pris du temps à apprivoiser ce lieu, tournant autour, dedans, dans un sens ou dans l’autre,  hésitante peut-être sur le cadrage, la lumière, l’ambiance.  Quelques photos laissent fort passer ce message il me semble, mais finalement c’est peut-être l’ensemble qui parle le mieux.  Au final, pour moi qui suis très sensible à la lumière, ce sont peut-être les vues prises du salon avec le Trenze enneigé qui fait son Fuji Yama cévenol, qui me touchent le plus.  Petit retour perso. »

MB

Cadeau ! Savoir que l’on ressent mon intention dans mes photos me touche.

Développement

De retour, le développement des photos m’amène à garder la vision couleur de ces quelques jours. La beauté des feuilles de châtaignier, de chênes et autres merveilleux sylvestres, dont les teintes sont chaudes à l’infini, contraste à merveille avec la froideur de la rivière, des rochers bleus et des arbres dénudés.
C’est souvent, en ce qui me concerne, un moment délicat. La plupart du temps, quand la photo est dans la boîte, je ne ressens plus l’énergie positive de la prise de vue. Je dois là aussi, ré apprivoiser ce que j’ai vu au moment du clic. Et très souvent, je ne vois plus ce que la photo m’avait donné à cet instant. La magie a disparu, l’émotion envolée. C’est comme si ma vision était brouillée, cassée en quelques sortes.
Alors, il faut redoubler de patience et chercher le fil conducteur, la force qui se cache dans chaque image. Parfois cela fonctionne bien et parfois, souvent c’est perdu.
Tel est mon état d’esprit depuis deux ans, le fil est cassé, il faut retrouver le filon de l’émotion.

Je vous laisse avec quelques photos de ces merveilleux paysages, ces adorables ambiances de Cévennes et l’accueil, la gentillesse de ma sœur et mon beau-frère.

Retrouvez l’ensemble du voyage en photo dans le portfolio Cévennes

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